
Djang San : Voyage Musical entre Bordeaux, Pékin et les Montagnes du Yunnan Mathieu Romain
Ce matin, REM Radio a eu le plaisir d’accueillir Jean-Sébastien, plus connu sous son nom d’artiste Djang San (ou Zhang Si’an en Chine). Un musicien au parcours singulier, un voyageur dont la vie et l’art sont intimement liés à la découverte de l’autre, et particulièrement de la Chine, où il a vécu près de vingt ans. Une rencontre passionnante qui nous a transportés des rives de la Garonne aux scènes underground de Pékin, jusqu’aux traditions musicales ancestrales de l’ethnie Naxi.
Les Racines Bordelaises et l’Appel du Lointain
Né à Bordeaux, Jean-Sébastien a très tôt eu le goût du voyage. « Mes parents sont partis vivre au Pérou, donc on a habité au Pérou pendant quelques années, » raconte-t-il. « Je suis revenu, j’avais cinq-six ans par là, et l’idée du voyage, je pense, ne m’a pas quitté à partir de ce moment-là. » Cette ouverture sur le monde se double d’une passion naissante pour la musique. Après avoir touché au violon enfant, c’est à l’adolescence que la guitare s’impose, comme un exutoire : « ça me permettait, en fait, de crier mes angoisses d’adolescent. »
La Chine, Révélation et Terrain de Jeu Musical
À 15 ans, il commence à apprendre le chinois au lycée du Mirail à Bordeaux, sa sœur vivant déjà en Chine. C’est à 20 ans, en l’an 2000, qu’il s’envole pour la première fois vers l’Empire du Milieu. « Je suis allé là-bas pour savoir ce que j’apprenais, » explique-t-il. Il découvre alors la scène musicale underground de Pékin. « Le rock est démocratisé, c’est-à-dire qu’il est partout dans les bars chinois, » se souvient-il. « Et il y a énormément d’endroits où on peut écouter de la musique rock, du punk, du hard rock, du métal, et de la musique folk aussi. »
C’est au River Bar, un lieu emblématique de la scène pékinoise, qu’il fait des rencontres déterminantes. Il y croise notamment Cui Jian, considéré comme le « parrain du rock chinois ». Cette immersion le conforte dans son désir de créer, mais avec une touche personnelle. « Je me suis dit, je vais essayer de chanter en chinois pour voir ce que ça donne. »
Le Zhongruan et la Modernisation d’un Héritage
Sa curiosité le mène à l’Opéra de Pékin, où il découvre le zhongruan, un instrument traditionnel chinois à quatre cordes. « J’en ai acheté, j’en ai acheté d’autres, j’ai acheté une pipa, » raconte-t-il. « Je me suis dit, pourquoi ne pas essayer de faire quelque chose avec ça, de moderne. » À une époque où les instruments traditionnels chinois sont parfois délaissés, Djang San décide de les électrifier, s’inspirant du principe de la guitare électrique. « J’ai été un des premiers, voire même le premier en Chine à faire ça avec cet instrument. Ce qui a permis de moderniser cet instrument, et après j’ai fait ça avec d’autres instruments, ce qui a permis à d’autres gens là-bas aussi de voir qu’il était possible d’intégrer ces genres d’instruments dans la musique moderne. »
À la Rencontre des Naxi : « Oreilles Immergées et Yeux Teints »
Son parcours en Chine est jalonné de projets musicaux et de collaborations. L’un des plus marquants est sans doute sa rencontre avec l’ethnie Naxi, dans la province du Yunnan. Un projet culturel franco-chinois, initié par le consulat de Chengdu et l’ambassade de France, le mène à collaborer avec un orchestre Naxi, l’un des plus anciens de Chine. « Le but était de faire un concert pour la Fête de la Musique en écrivant des morceaux avec eux et pour eux, » explique-t-il.
Pour s’imprégner de cette culture musicale millénaire, Djang San a filmé et interviewé les musiciens. De ces échanges est né un documentaire, « Oreilles immergées et yeux teints », une expression Naxi signifiant un apprentissage intuitif et profond. « J’ai appris la musique en ayant les oreilles immergées, les yeux teints, » lui ont confié les musiciens. « Ça veut dire, en fait, qu’ils ont appris intuitivement parce qu’ils apprennent aussi par génération, c’est une transmission traditionnelle. » Ce film, sélectionné au festival du film asiatique de Vesoul, témoigne de cette immersion et de la richesse d’une culture musicale qui risque de disparaître. « C’est probablement l’un des derniers témoignages de ça. »
Un Artiste aux Multiples Facettes, entre Tradition et Modernité
Aujourd’hui de retour à Bordeaux, Djang San continue de créer, de composer, de fusionner les influences. Sa musique est un pont entre les cultures, un dialogue entre les instruments traditionnels chinois et les sonorités rock, folk ou électroniques. Que ce soit avec son zhongruan électrifié, sa guitare, ou en explorant de nouvelles collaborations, il poursuit ce voyage musical unique, riche des rencontres et des découvertes qui ont jalonné son parcours.
Un parcours à découvrir sur sa chaîne YouTube (Djang San) où l’on peut retrouver son documentaire et d’autres témoignages de sa vie en Chine, ainsi que sur les réseaux sociaux. Une invitation à un voyage sonore et humain, où la musique se fait langage universel.
Djang San : Voyage Musical entre Bordeaux, Pékin et les Montagnes du Yunnan Mathieu
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