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L'interview matinale

Christophe Miqueu : Penser la laïcité au-delà du slogan

today21 octobre 2025 3

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    Christophe Miqueu : Penser la laïcité au-delà du slogan Mathieu ROMAIN


Christophe Miqueu : Penser la laïcité au-delà du slogan

Christophe Miqueu se présente d’emblée non pas comme un auteur, mais comme un « enseignant-chercheur ». C’est là toute la clé. Maire de Sauveterre-de-Guyenne, il est avant tout un universitaire, à l’université de Bordeaux, spécialisé en philosophie politique et en philosophie de l’éducation. Son moteur n’est pas l’opinion, mais la « complexification ». Dans un débat public qui tend à simplifier, il prend le chemin inverse : celui de la recherche, de l’histoire et de la nuance.

Son nouvel ouvrage, « Aux sources de la République laïque » (éd. Le Bord de l’eau), n’est pas un livre de plus sur un sujet inflammable. C’est le fruit d’un long « chemin », l’aboutissement de « travaux de recherche » visant à déconstruire les évidences. Pour lui, la laïcité n’est pas un bouclier ou une arme ; c’est un « principe d’organisation de la vie commune » dont on a oublié les multiples facettes.

Laïcité et Égalité : le lien perdu

Quand on lui demande une définition de la laïcité, Christophe Miqueu refuse « d’aller très vite ». Il prévient : « en philosophie, on pose des questions pour répondre ». Si le premier réflexe est d’associer la laïcité à la « liberté de conscience » – ce qu’il valide, citant la loi de 1905 – il insiste immédiatement sur ce qu’il manque au débat actuel : l’égalité et la fraternité.

« Ce qui est très important », explique-t-il, « c’est l’importance du lien entre laïcité et égalité ». Il réhabilite « tout le triptyque républicain ». La laïcité, dans sa pensée, n’est pas seulement un principe de séparation ; elle est ce qui favorise une « égalité d’accès à l’éducation ». Elle est une structure philosophique et juridique conçue pour permettre à la République de se démocratiser.

Contre « l’instrumentalisation »

Ce travail de fond, Miqueu le voit comme un antidote aux « débats d’opinion qui souvent instrumentalisent les choses ». Il cherche à « complexifier un peu les choses » pour montrer que la République et la laïcité sont des concepts vivants, « pluriels », et non des « termes totalement figés ».

Cette mission de « complexification » est aussi celle qu’il porte en tant qu’enseignant. Son rôle à l’université n’est pas seulement de chercher, il est de « former » les futurs enseignants et CPE (Conseillers Principaux d’Éducation) à ces « sujets extrêmement importants ». Il transmet les outils pour appréhender une pensée qui n’est ni simple, ni binaire.

La liberté de la recherche

Cette passion pour la transmission lui vient de ses propres maîtres. Il évoque avec une admiration palpable ses professeurs de philosophie, ceux qui, comme Philippe Deluze, arrivaient à enseigner « sans notes », donnant l’impression que la pensée « fluide et naturelle » émergeait en direct.

C’est cette même sensation qu’il poursuit dans son propre travail. La recherche, pour Christophe Miqueu, est « un espace de liberté très fort ». C’est un monde où l’on peut, en étudiant les penseurs de la République, qu’ils soient historiens comme Quentin Skinner ou philosophes comme Philippe Petit, ou même en relisant Aristote, « produire des réflexions pour le monde contemporain ». Car la philosophie, démontre-t-il, n’est jamais ancienne. Elle est le travail constant de la pensée qui, en revisitant ses sources, trouve les clés pour comprendre aujourd’hui.

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