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Alingo Jazz : le Big Band qui fait vibrer le Sud-Gironde Mathieu ROMAIN
Ils sont venus au studio « au débotté », comme on règle une affaire de musiciens : à l’instinct et dans l’urgence. L’image les montre souriants, un peu saisis par le vent d’automne, tenant fièrement l’affiche de leur projet. À gauche, Fred Balsez, le cheveu long que le journaliste taquine gentiment, silhouette de rocker et voix de velours. À droite, Francis Fouchy, l’œil vif, l’enthousiasme en bandoulière, venu soutenir l’ami et le projet.
Ces deux-là, « musiciens de longue date » qui se connaissent depuis « 30 ou 40 ans », sont les visages de l’Alingo Jazz Big Band. Un pari un peu fou : monter un grand orchestre de jazz, un vrai, avec cuivres et discipline, en plein Sud-Gironde.
Le projet est né il y a environ trois ans, d’une évidence pour Frédéric « Fred » Balsez. « C’est notre musique, c’est notre passion », explique-t-il d’une voix posée, celle d’un homme qui a passé des décennies « dans le bal ». Après avoir animé les week-ends de la région dans des orchestres de variété, le retour au jazz s’imposait.
Car Fred est un chanteur. Un crooner. Et pour celui qui reprend les standards de Michael Bublé ou Frank Sinatra, le Big Band n’est pas une option, c’est l’écrin. « C’est un petit peu mon truc », glisse-t-il pudiquement.
Monter la machine n’a pas été simple. Le Sud-Gironde n’est pas Broadway. « Au début avec difficulté », concède-t-il. Il a fallu taper aux portes des connaissances, « créer un petit noyau », le faire grossir, puis se faire aider par des musiciens professionnels extérieurs pour solidifier l’ensemble.
Aujourd’hui, l’Alingo (le nom celte de Langon, pour marquer l’ancrage) Jazz Big Band est une réalité. Quinze personnes sur scène : un chanteur, une section rythmique (pianiste, batteur, bassiste) et une forêt de cuivres. Quatorze instrumentistes, dont des professeurs d’école de musique venus de Bazas, Sauveterre ou Mérignac, qui se plient à un exercice exigeant.
C’est Francis Fouchy, trompettiste dans l’orchestre et ancien président de l’harmonie Sainte-Cécile, qui insiste sur ce point : un Big Band, ce n’est pas une jam session. « Il y a une lecture », martèle-t-il. Tout est écrit, arrangé. « Il y a quatre trombones, il y a quatre trompettes… », énumère-t-il, soulignant la nécessité d’une cohésion absolue pour que « ça sonne ».
L’objectif n’est pas de rejouer le passé à la note près. Fred Balsez, qui s’occupe aussi des arrangements, veut dépoussiérer le genre. Si le répertoire puise dans les classiques, il s’aventure aussi vers des « arrangements modernes ». L’orchestre ose même des reprises « très rock », de Bon Jovi par exemple, mais entièrement réarrangées pour la puissance du Big Band. Une manière de briser les chapelles et de prouver que ce son, massif et sophistiqué, est intemporel.
Leur prochain grand rendez-vous est fixé au dimanche 30 novembre, à 16 heures, à la Salle Simone Veil de Sauveterre-de-Guyenne. Un horaire inhabituel, choisi pour attirer un public plus large. « Le soir très tard, les gens d’un certain âge se déplacent pas trop. C’est un peu dommage parce que quelque part, c’est un peu leur musique », analyse Fred.
L’après-midi permet « aux enfants de venir aussi », de transformer le concert en sortie familiale. Francis Fouchy espère y voir les élèves des écoles de musique locales, pour qu’ils découvrent « comment ça travaille ». Il y a même, glisse Fred, « des places libres en bout de chaque pupitre » pour de jeunes musiciens qui voudraient tenter l’aventure.
Pour 15 euros (et 10 euros pour les élèves des écoles de musique et leurs parents), l’Alingo Jazz Big Band promet une « masse sonore » enthousiasmante. Bien plus qu’un concert, c’est une invitation dans le rêve patiemment construit par Frédéric Balsez, l’artisan, le musicien, l’élu local, et surtout, le crooner du Langonnais.
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