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Garorock 2026 : 3 jours pour une 30e édition explosive ?

today20 octobre 2025 3

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Garorock 2026 : 3 jours pour une 30e édition explosive ?

Imaginez la scène. Vous attendez un anniversaire, le genre qui marque, le cap des trente ans. On s’attend à plus de bruit, plus de gâteaux, plus de lumières, peut-être même à un poney dans le jardin. Et là, l’organisateur vous regarde droit dans les yeux et annonce, avec le sérieux d’un contrôleur fiscal : « Pour fêter ça, la soirée se terminera plus tôt. »

C’est, en substance, le tour de magie que vient de nous sortir le festival Garorock.

La nouvelle est tombée en deux temps, comme une blague avec une chute un peu longue. D’abord, le grand « Ouf » de soulagement. Un « Ouf » majuscule, presque audible depuis l’autre bout de la France. Garorock reste à Marmande. La plaine de la Filhole, ce grand champ de bataille où s’affrontent chaque année la dignité et les gobelets de bière consignés, sera bien le théâtre des opérations. Les tentes Quechua peuvent dormir tranquilles.

Et puis, la deuxième lame. L’uppercut. Le petit astérisque en bas du contrat. Le festival, pour ses trente glorieuses, ne durera plus que trois jours.

Oui, vous avez bien lu. Le jeudi, ce sas de décompression, cette première journée où l’on prend ses marques, où l’on monte sa tente avec une notice rédigée en mandarin et où l’on découvre les premières pépites musicales, a été purement et simplement… effacé. Rayé de la carte. Passé à la trappe. Un peu comme votre bonne résolution de ne pas trop boire cette année.

Sur les réseaux sociaux, ce fut instantanément le procès de la décennie. D’un côté, les optimistes, les candides, ceux qui voient dans chaque épreuve une opportunité. « C’est pour nous mettre une programmation COLOSSALE ! » s’exclame une certaine Aly, probablement la même personne qui croit encore que les politiciens tiennent leurs promesses. De l’autre, les pragmatiques, tendance pince-sans-rire : « Moins de jours, c’est moins de dépenses en boissons », calcule Grégorie, qui a visiblement déjà son tableau Excel ouvert. Et enfin, les poètes, les nostalgiques, comme Amandine, qui pleure déjà ce jeudi soir unique, cette atmosphère de rentrée des classes où tout le monde est encore frais, propre et plein d’espoir. Pauvre Amandine.

Mais derrière ce drame humain se cache une explication d’une logique implacable, froide et terriblement germanique. Car le nouveau propriétaire du bébé, CTS Eventim, a sorti la calculette. Et les chiffres piquent un peu. Figurez-vous que monter et démonter ce gigantesque parc d’attractions pour adultes coûte la bagatelle de 6 millions d’euros. Une somme que le fondateur lui-même décrivait joliment comme « jetée à la poubelle » chaque année. On comprend mieux le geste.

La logique est simple : pourquoi chauffer une salle immense pour les 15 000 courageux du jeudi, quand on peut attendre le samedi et ses 44 000 fidèles déchaînés venus voir Damso faire du Damso ? Le pragmatisme allemand a tranché. On concentre. On densifie. On optimise. Le festival n’est plus un marathon, c’est un sprint. On vous enlève une journée, mais on vous promet que les trois restantes seront si intenses que vous supplierez qu’on vous rende votre jeudi pour vous reposer.

Alors voilà. Pour ses trente ans, Garorock s’offre une crise de la trentaine : il devient plus raisonnable. Il fait des choix d’adulte. Il arrête de jeter l’argent par les fenêtres. C’est sûrement une bonne nouvelle pour son banquier. Pour la poésie de ce premier soir un peu bancal, un peu vide mais tellement prometteur… on verra. Après tout, un souvenir intense vaut mieux que quatre jours de flotte, non ? C’est en tout cas ce qu’il va falloir se répéter en attendant les premiers noms.

Écrit par: Mathieu ROMAIN

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