REM Radio entre deux mers
La lutte contre la maladie d’Alzheimer pourrait connaître un tournant décisif grâce à des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux. Au cœur de notre région, ils ont mis au point une méthode pour inverser la perte de mémoire, l’un des symptômes les plus dévastateurs d’Alzheimer. En ciblant les centrales énergétiques des neurones, leur recherche, publiée dans la prestigieuse revue Nature Neuroscience, ne se contente pas de proposer un nouvel espoir de traitement ; elle redéfinit la cause même du déclin cognitif lié à Alzheimer. Cette avancée majeure positionne Bordeaux comme un acteur clé dans le combat mondial contre cette maladie qui touche tant de familles en Entre-Deux-Mers et Sud-Gironde.
La maladie d’Alzheimer représente un défi médical et sociétal immense. Face à une pathologie encore incurable, chaque avancée est scrutée avec attention. Celle qui nous vient des laboratoires du NeuroCentre Magendie de Bordeaux est particulièrement significative. Une équipe de recherche locale, unissant les forces de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux, a établi pour la première fois un lien de cause à effet direct entre une défaillance énergétique dans le cerveau et la perte de mémoire liée à la maladie d’Alzheimer.
Jusqu’alors, la communauté scientifique voyait majoritairement le dysfonctionnement des mitochondries – les usines à énergie de nos cellules – comme une conséquence tardive de la maladie d’Alzheimer. L’équipe bordelaise renverse ce paradigme. Leurs travaux prouvent que cette panne énergétique n’est pas un dommage collatéral, mais bien l’un des moteurs du processus neurodégénératif. C’est une réécriture des premières pages de la maladie, qui ouvre logiquement la porte à des stratégies thérapeutiques entièrement nouvelles contre Alzheimer.
Pour bien saisir l’importance de cette découverte pour les patients atteints d’Alzheimer, il faut comprendre le rôle des mitochondries. Ces organites sont le cœur énergétique des neurones. Elles leur fournissent le carburant (l’ATP) indispensable pour communiquer, entretenir les synapses et, surtout, consolider les souvenirs. Dans un cerveau atteint par la maladie d’Alzheimer, ces centrales s’épuisent.
Cette panne progressive affame les neurones, les empêche de fonctionner correctement et finit par entraîner leur mort. La conséquence directe est l’effacement de la mémoire et le déclin des fonctions cognitives. En démontrant qu’il est possible de « rallumer » ces mitochondries et de restaurer la fonction neuronale, les chercheurs bordelais suggèrent qu’agir sur le métabolisme énergétique pourrait être une arme efficace pour contrer la progression de la maladie d’Alzheimer. « Nous montrons que la faille énergétique est une cause première, et non une simple conséquence. C’est un changement de perspective fondamental pour la recherche sur Alzheimer, » confie un scientifique impliqué dans le projet.
mitoDREADD-Gs
La preuve de ce concept a été apportée par une expérimentation d’une grande finesse. Les chercheurs ont utilisé un outil de génie moléculaire, nommé mitoDREADD-Gs
, sur des modèles animaux qui reproduisent les déficits de mémoire de la maladie d’Alzheimer. Cet outil agit comme un interrupteur de précision, capable de relancer à la demande l’activité des mitochondries dans des zones ciblées du cerveau.
Les résultats ont été stupéfiants. Quelques heures à peine après l’activation de l’outil, les animaux de laboratoire ont montré une récupération spectaculaire de leurs capacités mnésiques. Ils ont retrouvé des performances normales lors de tests cognitifs, démontrant que les circuits neuronaux affectés par la pathologie de type Alzheimer n’étaient pas irrémédiablement détruits. En leur redonnant l’énergie nécessaire, il a été possible de les réactiver. C’est la première fois qu’une restauration fonctionnelle aussi rapide est obtenue en ciblant directement le métabolisme des neurones dans un contexte lié à Alzheimer.
En Nouvelle-Aquitaine, la maladie d’Alzheimer et les troubles apparentés touchent des dizaines de milliers de personnes, un chiffre qui pèse lourdement sur les familles et les services de santé de nos communes, de La Réole à Sauveterre-de-Guyenne. Cette recherche bordelaise, bien que fondamentale, dessine un futur où les traitements contre Alzheimer ne se limiteraient plus à gérer les symptômes ou à tenter d’éliminer les plaques amyloïdes.
La nouvelle stratégie serait de soutenir directement la santé et la performance des neurones en agissant sur leur source d’énergie. Pour les personnes au début de la maladie d’Alzheimer, de telles approches pourraient potentiellement ralentir la neurodégénérescence et préserver plus longtemps leur autonomie et leur qualité de vie. Pour approfondir les enjeux de la recherche sur Alzheimer, écoutez nos émissions santé sur le 98.4 FM.
L’enthousiasme suscité par cette découverte doit être tempéré par le réalisme. Le chemin est encore très long avant qu’un traitement pour les patients atteints d’Alzheimer ne voie le jour. La méthode utilisée en laboratoire implique une modification génétique non transposable directement à l’humain. Les scientifiques doivent maintenant trouver des molécules ou des médicaments capables de produire le même effet de manière sûre et efficace.
De plus, l’effet observé étant temporaire, un futur traitement contre la maladie d’Alzheimer devrait probablement être administré en continu. La complexité du cerveau humain représente un défi supplémentaire. Néanmoins, cette étude fondamentale trace une voie claire et prometteuse pour les décennies de recherche à venir.
Cette avancée majeure est une immense fierté pour la métropole bordelaise et notre région. Elle confirme l’excellence de son écosystème de recherche en neurosciences et son rôle de premier plan dans le combat mondial contre la maladie d’Alzheimer. Pour les associations locales, comme France Alzheimer Gironde, et les nombreuses familles de l’Entre-Deux-Mers qui luttent au quotidien, c’est un signal fort. La recherche avance. Votre association est engagée dans l’accompagnement des malades d’Alzheimer ? Contactez la rédaction pour partager vos actions : contact@re2m.org. Cette lueur d’espoir, née ici, nous rappelle que la connaissance reste notre meilleure arme.
Écrit par: Mathieu
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