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L'interview matinale

Sur la scène du 5 bis, Élise Dubroca lève le voile sur la santé mentale

micMathieu Romaintoday13 octobre 2025 27

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    Sur la scène du 5 bis, Élise Dubroca lève le voile sur la santé mentale Mathieu Romain


Sur la scène du 5 bis, Élise Dubroca lève le voile sur la santé mentale

Il y a des sujets qui, comme des fantômes, hantent les conversations sans jamais vraiment s’y inviter. La santé mentale est de ceux-là. Un non-dit pesant, un tabou que l’on contourne. Pour Élise Dubroca, programmatrice du théâtre Le 5 bis à La Réole, il était temps de lui offrir la pleine lumière, celle de la scène. Du 13 au 18 octobre 2025, la deuxième édition des « Dossiers de la scène » sera entièrement consacrée à cette thématique sous un titre qui sonne comme une évidence : « Tous concernés ».

Loin d’une approche clinique ou distante, l’engagement d’Élise Dubroca puise sa source dans une histoire intime, personnelle. Sa voix, posée et chaleureuse dans l’interview qu’elle nous a accordée, se charge d’une gravité tendre lorsqu’elle confie la raison profonde de ce choix. « C’est une thématique qui me touche puisque mon frère est bipolaire ». Ces quelques mots, livrés avec une sincérité désarmante, expliquent tout. Elle connaît de l’intérieur ce que signifie accompagner un proche, le monde de la psychiatrie, et surtout, le poids du silence. « Moi la première, j’ai mis longtemps avant de pouvoir dire : mon frère est malade. On n’en parle pas, c’est honteux ».

Cette honte, ce tabou, elle a décidé de les combattre avec ses armes : le théâtre, l’art, la parole. L’idée de cet événement est née, comme souvent chez elle, d’un spectacle. La pièce « Passionnément à la folie », qui retrace le parcours d’une mère face à la schizophrénie de son fils, a été le déclencheur. « Je me suis dit : « bah c’est cette thématique cette année que j’ai envie d’aborder » ».

Une programmation pour « valoriser nos fragilités »

Plutôt que de parler de failles, Élise Dubroca préfère évoquer des « fragilités » ou des « sensibilités ». Son ambition est audacieuse : et si, au lieu de les cacher, on les valorisait ? « Si on valorisait ces fragilités, même dans le monde du travail, partout, eh ben on serait plus fort ». C’est tout l’esprit de cette semaine, qui s’articule comme un dialogue entre les œuvres et le public.

La programmation se veut un miroir aux multiples facettes de l’âme humaine, explorant le sujet à travers le prisme d’artistes puissantes.

  • Le cinéma comme porte d’entrée : Le mercredi 15 octobre, le cinéma REX de La Réole projettera « Nikki », un film de Céline Salette sur l’artiste Niki de Saint Phalle. La séance sera suivie d’une table ronde sur les liens étroits entre l’art et la santé mentale, avec une art-thérapeute, la réalisatrice et un critique d’art.
  • Le théâtre pour incarner le vécu : La pièce « Toxique » mettra en scène le journal que Françoise Sagan a écrit lors de sa cure de désintoxication à 22 ans. Une plongée dans les méandres de l’addiction, portée par une comédienne qui, selon Élise Dubroca, s’approprie le personnage sans jamais l’imiter.
  • Des ateliers pour expérimenter : Le samedi 18 octobre, des ateliers découvertes autour du dessin, du corps et du mouvement permettront à chacun de se reconnecter à ses émotions de manière créative.

Chaque représentation sera suivie d’un échange avec des experts (médecins, infirmiers, addictologues) et le public. Car pour Élise Dubroca, l’essentiel est là : créer des espaces où la parole circule librement, sans peur du jugement. « Je crois beaucoup au pouvoir de la parole », affirme-t-elle.

Cette semaine au 5 bis est bien plus qu’un événement culturel. C’est une invitation à regarder nos propres failles et celles des autres avec plus d’humanité. Une main tendue pour nous rappeler que derrière le trouble, il y a une sensibilité, et que l’art est peut-être l’un des plus beaux chemins pour aller à sa rencontre.

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    Sur la scène du 5 bis, Élise Dubroca lève le voile sur la santé mentale Mathieu ROMAIN


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