Derrière l’interrupteur, le citoyen : la révolution énergétique du Sud-Gironde

Derrière l’interrupteur, le citoyen : la révolution énergétique du Sud-Gironde

Appuyer sur un interrupteur. Un geste si simple, si abstrait. Mais d’où vient cette lumière ? Qui la produit ? Et si la réponse se trouvait juste à côté, sur le toit de l’école ou dans le champ du voisin ? En Sud-Gironde, cette question n’est plus un rêve lointain. C’est un projet concret, incarné par un duo aux profils parfaitement complémentaires : Xuan-Hoa Nguyen et Coline de Cirena.

La première, Xuan-Hoa Nguyen, est la stratège. Chargée de mission Plan Climat au Pôle Territorial Sud-Gironde, elle présente avec clarté et assurance la feuille de route du territoire. Quand elle évoque les trente actions du Plan Climat, son propos est mesuré, précis. Non, ce n’est pas une simple to-do list que l’on coche, mais bien un ensemble d’initiatives déployées simultanément, avec méthode. Son approche, factuelle et maîtrisée, révèle la structure qui rend l’action possible. Elle ne vend pas une utopie, elle en construit les fondations.

Face à elle, Coline de Cirena est le catalyseur. Pour le réseau régional des énergies citoyennes Cirena, elle incarne avec une énergie communicative l’enthousiasme du terrain. Son enthousiasme est palpable lorsqu’elle évoque cette idée forte : « quand j’allume la lumière de ma salle de bain, ça pourrait être moi qui produit l’énergie, et pas que moi, mais aussi mes voisins ». Coline ne parle pas de concepts, elle parle de gens. Elle est celle qui transforme une ambition politique en une aventure humaine, celle de « faire ensemble ».

La reconquête du concret

Dans leur dialogue, une philosophie puissante prend forme. Il ne s’agit pas seulement de produire vert, mais de produire local et de comprendre, comme le souligne l’interview, que l’« électron est assez fainéant ». L’énergie produite ici sera consommée ici, rendant enfin palpable un processus devenu invisible. C’est l’histoire d’une reconquête, où chaque citoyen, qu’il habite une bastide ou un appartement, a le pouvoir de devenir un maillon essentiel de la chaîne.

« La meilleure électricité, c’est celle qu’on ne produit pas », lance Coline, avec la force de l’évidence. La phrase, livrée sans emphase, recentre le débat. L’objectif n’est pas un « open bar » renouvelable, mais une double révolution : d’abord, la sobriété, puis une production locale et maîtrisée de ce qui reste nécessaire. Pour y parvenir, le bouquet de solutions est large et ancré dans le réel. Le solaire, bien sûr, qui « prend toute la lumière », mais aussi la méthanisation, expliquée avec une simplicité déconcertante : des agriculteurs qui, ensemble, transforment leurs déchets en gaz dans un « gros estomac » collectif.

L’appel est lancé

Ce partenariat entre le Pôle Territorial et Cirena est une invitation. Un appel à tous ceux, déjà en collectif ou simple citoyen curieux, qui sentent l’envie de passer de la prise de conscience à l’action. Le chemin est balisé, non pour contraindre, mais pour accompagner.

Le coup d’envoi sera donné par une série de ciné-débats, des moments de rencontre et d’échange pour démystifier le sujet et identifier les pionniers de demain.

• Le 23 octobre à Monségur : Dans le cadre du festival Objectif Terre, au cinéma Eden. La séance est gratuite et ouverte à tous autour du film We the Power.
• Six dates au total sont prévues pour mailler le territoire, avec des rendez-vous à Langon, Bazas, Cadillac et La Réole.
• Un temps fort est également programmé début décembre à Lugasson, au cœur d’un marché paysan, pour un ciné-débat dans le lieu atypique des anciennes carrières.

L’objectif est clair : recenser les volontés d’ici fin 2025 pour lancer, dès 2026, l’accompagnement concret des premiers groupes. Pour peut-être, en 2027 ou 2028, inaugurer les premières installations nées de cette impulsion collective.

En observant l’échange entre Xuan-Hoa Nguyen et Coline de Cirena, on ne voit pas seulement un plan d’action. On ressent l’énergie de deux visions qui s’unissent pour transformer un territoire. L’une apporte la carte, l’autre la boussole. Et au bout du chemin, la promesse d’une lumière qui ne sera plus seulement consommée, mais comprise et partagée. L’histoire ne fait que commencer.