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L'interview matinale

Alain Zabulon sur REM Radio : « L’imposteur », un thriller qui dissèque notre rapport à la vérité

micMathieu Romaintoday22 septembre 2025

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    Alain Zabulon sur REM Radio : "L'imposteur", un thriller qui dissèque notre rapport à la vérité Mathieu Romain


Alain Zabulon sur REM Radio : « L’imposteur », un thriller qui dissèque notre rapport à la vérité

Invité exceptionnel de la matinale de REM Radio ce mardi 23 septembre, l’auteur Alain Zabulon a présenté son dixième roman, « L’imposteur, naissance d’un écrivain ». Au-delà d’un thriller haletant qu’il qualifie de « tourneur de page », l’ancien haut fonctionnaire nous a livré une analyse percutante sur les thèmes du mensonge, de l’identité et de la vérité dans une société en pleine crise de repères. Une rencontre passionnante au cœur de la fabrique d’un succès littéraire qui explore les zones grises de la conscience humaine.

Sauveterre-de-Guyenne – C’est une histoire qui saisit dès les premières pages. Celle de Bastien, un professeur de collège en zone d’éducation prioritaire, dont la vie est « un peu tristounette » et le rêve d’être écrivain se heurte aux refus polis des maisons d’édition. Tel est le point de départ de « L’imposteur », le 10ème livre d’Alain Zabulon, qu’il a détaillé ce matin à notre micro. La vie de ce personnage bascule le jour où, lors d’un déménagement, il découvre un manuscrit anonyme, « empaqueté, scotché, planqué au fond d’une cuisinière, quasiment introuvable ».

Une usurpation aux conséquences dévastatrices

Après des recherches infructueuses pour retrouver son auteur, un certain Paul Nerval, Bastien cède à la tentation : il publie ce chef-d’œuvre sous son propre nom. Le succès est immédiat, fulgurant. « C’est le roman de l’année, le voilà propulsé, il va décrocher même le Prix Goncourt », raconte Alain Zabulon. Mais ce mensonge fondateur va fissurer sa nouvelle existence. Le conte de fées vire au cauchemar le jour où son fils est kidnappé. C’est à ce moment précis que Bastien comprend « qu’il n’aurait jamais dû publier cette histoire ». Un suspense qu’Alain Zabulon entretient avec maestria, refusant de dévoiler le pourquoi du comment, invitant les auditeurs de l’Entre-deux-Mers à le découvrir par eux-mêmes.

« Nous vivons l’époque des vérités relatives »

Plus qu’un simple thriller, « L’imposteur » est une fable morale sur notre époque. L’auteur établit un parallèle direct entre la situation de son personnage et la crise de la vérité que traverse notre société. « Nous vivons une époque où la vérité n’est que relative, où chacun a sa vérité, mais où LA vérité dans l’absolu n’existe plus », analyse-t-il. Il déplore un temps où « l’avis d’un scientifique de renom […] n’a pas plus d’importance qu’un obscur anonyme sur les réseaux sociaux qui va vous expliquer que le dérèglement climatique n’existe pas ». Le roman explore cette fracture, où un homme construit sa plus grande réussite sur une imposture, devenant paradoxalement celui qu’il a toujours rêvé d’être grâce à un mensonge.

La complexité morale d’un homme ordinaire

Loin de dépeindre un personnage cynique, Alain Zabulon s’attache à l’ambiguïté de son « héros ». « Je ne veux pas le faire passer pour un salaud, parce qu’il n’en est pas un », a-t-il confié sur notre antenne. Bastien est un homme pétri de valeurs, mais aussi de failles, en proie à un « sentiment de culpabilité ». Il tente de se trouver des « justifications morales », se voyant peut-être moins comme un voleur que comme un « justicier » qui offre à une œuvre la renommée qu’elle mérite.

À la question piège de notre journaliste – « Auriez-vous fait la même chose ? » – l’auteur a répondu avec une franchise désarmante : « J’aurais été très tenté, pour être complètement honnête. […] Mais je pense que je n’aurais pas osé ». Une hésitation qui révèle toute la complexité du dilemme au cœur de son livre.

De Pierre Bellemare à l’écriture, l’art de raconter

Au cours de l’entretien, Alain Zabulon a également évoqué une figure tutélaire qui a nourri son imaginaire : Pierre Bellemare. Il salue en lui le conteur hors pair, mais aussi le représentant d’une « culture de bienveillance, d’érudition, de bonomie ». Une valeur cardinale qu’il oppose à l’époque actuelle. Cette filiation n’est pas anodine. On retrouve dans « L’imposteur » cette science du récit, cette capacité à installer une atmosphère, à jouer avec les contrastes : un premier chapitre « rude », une narration plus lente pour installer la psychologie du personnage, puis une accélération implacable vers le thriller.

En définitive, « L’imposteur, naissance d’un écrivain » est bien plus qu’une intrigue bien ficelée. C’est un roman dense, intelligent, qui, tout en offrant le plaisir d’un suspense haletant, nous interroge sur ce qui nous définit : nos actes, nos rêves, ou les mensonges que nous nous racontons pour survivre.

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    Alain Zabulon sur REM Radio : « L’imposteur », un thriller qui dissèque notre rapport à la vérité Mathieu ROMAIN


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