Lestiac-sur-Garonne : une borne patrimoniale ressuscitée sur la D10

Lestiac-sur-Garonne : une borne patrimoniale ressuscitée sur la D10

Dans le paysage familier de l’Entre-Deux-Mers, un détail anachronique et coloré a refait surface, ravivant la mémoire des routes d’antan. Sur le bas-côté de la départementale D10, entre Lestiac-sur-Garonne et Paillet, une ancienne borne kilométrique, autrefois délaissée, arbore de nouveau ses couleurs vives. Cette résurrection est le fruit de la volonté d’un riverain passionné et du savoir-faire d’un des derniers artisans peintres en lettres de la région. Une initiative locale qui illustre l’attachement profond des habitants à leur patrimoine, même le plus modeste. Ce bloc de pierre, témoin silencieux de décennies de passage, redevient un repère non seulement géographique, mais aussi culturel, pour le plus grand plaisir des usagers de cet axe du Sud-Gironde.

L’initiative citoyenne d’un passionné d’histoire

À l’origine de ce projet, un habitant du secteur, propriétaire du terrain jouxtant la borne. Lassé de voir cet élément de patrimoine routier sombrer dans l’oubli et se dégrader, cet amateur de voitures anciennes a décidé de prendre les choses en main. « Il y avait cette borne sale, à l’abandon, devant chez moi. Il fallait la remettre sur pied », explique-t-il dans un entretien accordé à nos confrères de Sud Ouest. Son ambition : redonner à l’objet sa fonction symbolique et en faire un point d’intérêt pour d’autres passionnés. Il espère que « des propriétaires ou amateurs d’anciennes voitures s’y arrêteront pour se prendre en photo avec », créant ainsi un nouveau lieu de partage autour d’une mémoire commune.

Pour respecter la véracité historique, la couleur n’a pas été choisie au hasard. Après consultation de la mairie, le jaune a été retenu, conformément au code couleur qui signalait autrefois les routes départementales, distinguant cet axe reliant Bordeaux à Cadillac.

L’artisan, gardien d’un savoir-faire en voie de disparition

Pour mener à bien cette restauration délicate, le propriétaire a fait appel à Jean Bataille, un artisan d’art au métier rare : peintre en lettres. Sur sa chaise basse, au bord de la route départementale, l’homme au chapeau de paille a redonné vie aux inscriptions, traçant avec une précision d’orfèvre les chiffres et les lettres noires sur le fond jaune et blanc fraîchement peint. Une intervention qui n’a pas manqué d’attirer la curiosité des passants, intrigués par ce spectacle inhabituel.

Fier de sa contribution, l’artisan a souligné l’importance de sa mission dans les colonnes du journal Sud Ouest : « C’est un morceau de patrimoine, il ne faut pas que ça s’oublie ! ». Il est conscient d’œuvrer à la sauvegarde d’un héritage double : celui des bornes kilométriques et celui de sa propre profession, à une époque où le numérique et l’adhésif ont largement remplacé les pinceaux. Son travail manuel, précis et passionné, constitue ainsi un témoignage précieux.

Un repère pour la mémoire collective du Sud-Gironde

Autrefois, ces bornes jalonnaient chaque kilomètre de nos routes, guidant les voyageurs bien avant l’avènement du GPS et des panneaux de signalisation modernes. Leur disparition progressive, au gré de l’aménagement des voies, a effacé une partie de l’identité visuelle de nos campagnes. La réhabilitation de la borne de la D10 est donc bien plus qu’une simple rénovation esthétique.

Elle agit comme un rappel tangible d’une autre époque, où le temps et les distances s’évaluaient différemment. Pour les plus anciens, elle ravive des souvenirs ; pour les plus jeunes, elle constitue une leçon d’histoire à ciel ouvert. Cette initiative privée, menée en bonne intelligence avec les institutions locales, démontre que la préservation du patrimoine est l’affaire de tous et qu’elle contribue à renforcer le lien social et l’identité de notre territoire de l’Entre-Deux-Mers.

Ce geste simple mais puissant pourrait inspirer d’autres actions citoyennes visant à préserver et valoriser les trésors cachés de nos communes.

Retrouvez plus d’informations sur les initiatives locales dans nos journaux sur 98.4 FM et sur notre site re2m.org. Vous aussi, vous portez un projet pour valoriser le patrimoine de votre village ? Contactez la rédaction pour partager vos initiatives : contact@re2m.org.