REM Radio entre deux mers
La tranquillité des nuits du Sud-Gironde a été brutalement perturbée. Trois fois en moins d’un mois, les habitants de Coimères ont été réveillés par les sirènes des pompiers. La série noire a débuté le 13 juillet, peu avant minuit. Elle s’est poursuivie le 1er août, vers 2 heures du matin, à seulement cinquante mètres du premier sinistre. Le dernier événement en date, samedi 9 août à 5h29, a vu 1 000 m² de pins partir en fumée.
Le mode opératoire, répétitif et nocturne, glace le sang des résidents et des autorités. Chaque départ de feu partage des similitudes troublantes qui écartent la thèse accidentelle. La répétition des faits dans un périmètre restreint et à des heures où la surveillance est moindre suggère une intention malveillante et réfléchie, plongeant le village dans une atmosphère de méfiance et d’appréhension.
Contacté, le maire de la commune, Christian Decouche, ne cache pas son inquiétude et sa certitude. « On est sûr que c’est volontaire », a-t-il affirmé à nos confrères de Sud Ouest. Son analyse se fonde sur une observation précise du terrain : « À chaque fois, les départs ont eu lieu sur des zones à peu près propres, avec des chênes ou des petits arbustes, de telle sorte que le feu prend très mal. » Cette stratégie suggère que l’auteur chercherait plus à provoquer la peur et à mobiliser les secours qu’à déclencher un incendie de grande ampleur, ce qui rend l’acte d’autant plus pervers.
L’édile, en première ligne pour rassurer ses administrés, partage son désarroi face à l’incompréhensible. « On a eu trois fois espacées de dix jours, c’est inquiétant. On se pose des questions. Moi, je n’arrive pas à comprendre pourquoi », confie-t-il. Cette série d’actes criminels pèse lourdement sur la vie de la commune et sur le moral de ses habitants, qui vivent désormais avec la crainte d’une nouvelle alerte.
Face à cette menace, les services de l’État ont réagi promptement. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie pour chaque feu, et la piste d’un auteur unique est privilégiée. Le parquet de Bordeaux, bien que discret, suit le dossier de très près. Les faits pourraient être qualifiés de « destruction volontaire par incendie », un crime passible de quinze ans de réclusion criminelle.
Pour confondre le ou les suspects, des moyens exceptionnels sont déployés. Un arrêté préfectoral, daté du 8 août, autorise très spécifiquement la gendarmerie à survoler la zone de Coimères avec des drones. L’objectif est clair : repérer tout comportement suspect et recueillir des preuves. Cette surveillance aérienne de pointe témoigne de la détermination des autorités à mettre fin à ces agissements. En parallèle, une cellule d’experts, la RCCI EN (Recherche des causes et circonstances des incendies en espaces naturels), a été activée. Comme l’explique le capitaine Alain Marcastel du SDIS 33, cette unité « réunit les pompiers, les gendarmes et l’Office national des forêts (ONF) ». Grâce à leurs compétences croisées, ces spécialistes peuvent « raconter l’histoire du feu » et confirmer scientifiquement son origine volontaire, fournissant des éléments cruciaux à la justice.
Sur le terrain, ceux qui luttent contre les flammes vivent cette situation avec un mélange d’épuisement et de colère. Anthony Di Bez, du syndicat Unsa Sdis, exprime un sentiment largement partagé : « C’est un drame car ça monopolise un maximum de personnel et donc ça a un coût important. » Chaque intervention pour un feu volontaire détourne des ressources précieuses qui pourraient être nécessaires pour un accident ou un secours à personne ailleurs sur notre territoire de l’Entre-Deux-Mers.
Au-delà du coût financier pour la collectivité, c’est l’impact humain qui est le plus grave. « Et puis il y a surtout le risque pour la vie humaine », rappelle le syndicaliste. Ces actes mettent en danger non seulement les sapeurs-pompiers qui interviennent, mais aussi les résidents des zones menacées. Retrouvez plus d’informations et les témoignages des acteurs locaux dans nos journaux sur 98.4 FM et sur notre site re2m.org.
Cette série d’incendies criminels survient dans un contexte de tension maximale. Le préfet de la Gironde a placé le département en vigilance orange pour le risque feux de forêt jusqu’au mardi 12 août, en raison de températures élevées et d’une végétation sèche. Pour tous les Girondins, et particulièrement en Sud-Gironde, le souvenir traumatisant des incendies historiques de l’été 2022 est encore vif.
Cette nouvelle menace, d’origine humaine, vient ajouter une charge psychologique supplémentaire à une population déjà très sensible au risque incendie. Elle rappelle que si la météo est un facteur de risque majeur, la malveillance humaine reste une menace imprévisible et inacceptable contre notre patrimoine naturel et nos lieux de vie.
Face à cette situation, la mobilisation et la vigilance de chacun sont essentielles. Les autorités appellent les habitants du secteur de Coimères et des communes environnantes à signaler sans délai à la gendarmerie (en composant le 17) tout comportement ou véhicule suspect, notamment durant la nuit.
Plus que jamais, la cohésion sociale et le « vivre-ensemble » doivent être notre réponse collective. Il s’agit de faire preuve de solidarité avec les élus et les services de secours, de renforcer la surveillance bienveillante entre voisins et de ne céder ni à la psychose, ni à l’indifférence. La sécurité de notre territoire est l’affaire de tous.
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Écrit par: Mathieu
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